Et si on faisait court ? (ter)

Publié le par Quelles Nouvelles ?

© Stéphane Fetick


Suite et fin !

Vous trouverez ci-dessous résumées les interventions de Claude Pujade-Renaud, Patrice Juiff et Marc Solal.

Claude Pujade-Renaud

Dernier ouvrage : Sous les mets les mots, Nil Editions


Ecrire court, c'est se concentrer sur l’histoire sans trop de digressions, favoriser une chute inattendue, et surtout le mouvement, le rythme (il faut dire qu'elle a longtemps fait de la danse).
Ne pas hésiter à bousculer le lecteur, ne pas le laisser s’installer dans le confort du roman.
Elle évoque aussi une très jolie image : pour elle, une nouvelle présente la solitude d’une petite île, tandis qu'un recueil est un archipel, qui permet le cabotage d’île en île, les nouvelles du recueil entrant souvent en résonance (mais pas forcément).

Patrice Juiff

Dernier ouvrage : La taille d'un ange, Albin Michel

Il s'agit de condenser l'histoire en 20 à 30 pages. Le lecteur peut, et même doit rester sur sa faim. De par la temporalité du roman, sa longueur, on sent venir les choses, les "accidents" des personnages arrivent nécessairement ; en revanche, la nouvelle s'associe à l'urgence, il faut finir l’histoire, s’attarder moins, préparer la chute, la surprise.
Le recueil de
Patrice Juiff se penche sur des vies ordinaires qui basculent. Il aborde à la première personne les thèmes de l’identité, des liens de sang, du rapport à soi et à l’autre. Chaque nouvelle, sur le fil du rasoir, repose sur la vision du monde d'un personnage se trouvant à un moment charnière, devant un choix à faire (parfois anodin pour nous mais important pour lui) qui peut changer la donne. L'auteur le suit au plus proche dans ces moments de fragilité, caméra à l’épaule.

Marc Solal

Dernier ouvrage : Tout est beau, Hachette Littératures

Son recueil rassemble 26 textes
courts (sans titre, simplement numérotés de 1 à 26) qui sont des fables plus que des histoires. Avec une grande économie de moyens, l'auteur évoque des univers gravitant autour de l'image et ses mensonges, instantanés inspirés de son passé d’artiste. Son style léger se veut pictural, minimaliste et efficace.

Bilan

Chaque nouvelle dessine un monde qui se suffit à lui-même. La forme servant le propos, l'écriture est courte, physique, traduit l'immédiateté, la brièveté.
L'auteur doir saisir la pulsation, voire la pulsion du récit.
Centrée sur un seul événement, la nouvelle compte peu de personnages, ce qui assure son intensité. Le récit fait plus forte impression sur le lecteur lorsque tout se tient et se lit d’une seule haleine. L'effet à produire doit donc être préparé dès la première phrase, chaque mot doit être une intention, parfaire l’intention préméditée.
La longueur n’est pas un étalon de la réussite de l’écriture. Ce n’est pas la taille qui fait le récit monumental, mais la qualité, résultat d'un dosage précis, à la manière du mélange dans une éprouvette.
La forme courte au sens large - nouvelle, conte, fable, récit court - est à la littérature ce que le court-métrage est au cinéma.

Questions de l’auditoire

* Comment travaillez-vous ?
On peut se donner rendez-vous et "brouillonner" en partant d’un détail, d’un mot ou d’une phrase lue sur un mur... Ensuite, une logique interne se met en place, le récit coule de source, même s'il implique beaucoup de travail. S'il commence bien, il finira bien ! Les mots se répondent, on invente des personnages qu'on fait parler, puis ils se mettent à nous dicter leur histoire. Le principal : se faire plaisir !

* Cherchez-vous à apprendre quelque chose au lecteur, à faire passer un message ou des valeurs, à changer le monde ?
En toutes choses, l’auteur propose, le lecteur dispose...

Pour résumer
Récit court ne rime pas automatiquement avec idées courtes !
Lecture de courte durée, effet longue durée...

Publié dans La nouvelle - kézako

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